-
Revue de presse
Actualité de la recherche en éthique
Notre sélection des publications en bioéthique et en éthique du soin
-
Dossier
Épidémie, pandémie, éthique et société : se préparer, y répondre
Enjeux de préparation, de réponse et de prise en charge en situation d'épidémie
-
Fin de vie
Hors-série des Cahier : S’approprier les enjeux d’un débat
Un cahier spécial dans la perspective du débat national
-
cahier
Au coeur de la pandémie du coronavirus - Vivre, décider, anticiper
Cahier de l'Espace éthique/IDF consacré à la période mars/septembre 2020 de la crise du COVID
-
Réseau
Cartographie des structures d'Île-de-France
Un recensement des démarches pour permettre une mise en réseau
-
checklist
Créer et animer une structure de réflexion éthique
Un aide-mémoire à destination des animateurs et porteurs de projet d'une structure de réflexion éthique
-
magazine
Face à l'imprévisible
Parution du quatrième numéro du magazine Espace éthique
-
cahiers
Vulnérabilités psychiques - mobiliser la société contre l’exclusion
Enjeux épistémologiques, éthiques et politiques
-
TRANSMISSIONS
L'Espace éthique s’engage avec l’Éducation nationale
Diffuser la discussion éthique dans les lycées grâce à des ateliers et rencontres
texte
article
Isolement des personnes très âgées et demandes à mourir : Comment un visage ami peut tout changer
La qualité de la présence suffit : s’asseoir et être là, par le regard doux, le toucher respectueux, la parole et le sourire sincères, le silence habité parfois.
Par: Sylvie Debouverie, Responsable de l’équipe bénévole d’accompagnement de personnes gravement malades ou en fin de vie à Paris, association les Petits Frères des Pauvres. Bénévole d’accompagnement depuis 12 ans /
Publié le : 07 Juillet 2023
Aujourd’hui, le vide le plus cruel les conduit à se sentir dévalorisé au sens premier, c’est-à-dire sans aucune valeur. Cela me révolte. A ce moment de l’existence, chacun a besoin de relire sa vie, de se réconcilier pour s’apaiser, de laisser une trace de son passage. Comment faire cela seul ? Un dialogue intérieur ne suffit pas. Mes années de bénévolat m’ont convaincue qu’il y a trois grandes illusions à éviter dans ces contextes de grande vulnérabilité. La première est l’intention d’« aider », de « faire », car cela conduit à l’impuissance et au découragement. La qualité de la présence suffit : s’asseoir et être là, par le regard doux, le toucher respectueux, la parole et le sourire sincères, le silence habité parfois. La seconde est de croire que la solitude est inévitable. J’ai acquis la certitude qu’il est toujours possible de se relier à l’autre parce que, jusqu’à la fin de la vie, le centre émotionnel du cerveau conserve toute son activité. La capacité relationnelle perdure même si beaucoup de facultés cognitives sont atteintes. Il « suffit » de rejoindre la personne là où elle est, quelle que soit la nature de sa vulnérabilité. Je pense à ce monsieur à un stade avancé de la maladie de parkinson qui ne s’exprime plus, si douloureux que le toucher est exclus, mais avec qui nous sommes en lien par la musique. Ou ce monsieur recroquevillé dont on m’a dit « vous n’en tirerez rien » et auprès de qui je me suis agenouillée pour saisir son regard et me présenter. Il me tient aujourd’hui un discours passionnant sur son ancien métier. Enfin, le dernier danger, je crois, est de regarder la personne âgée à un moment T, dans son fauteuil, figée dans sa dépendance et de seulement s’en attrister. Tout change et s’adoucit quand on s’attache à la globalité de sa vie. Son passé qu’elle peut convoquer et auquel elle se relie comme une source d’énergie. Sa vie actuelle qui peut être aussi mouvement et capacité de lien. En somme, porter un regard empli de sincère considération qui « ravive les braises du vivant ».
A propos de ce texte
Ce texte est tiré du document Fin(s) de vie : s’approprier les enjeux d’un débat publié en mars 2023 par l'Espace éthique/IDF dans le cadre du débat sur la fin de vie