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EHPAD ou Ehpad ? Quelques réflexions lexicales...
"Il faut se méfier des sens cachés sous des mots trop facilement prononçables : chaque lettre de nos Ehpad, égrenée une par une, continue à désigner chacune une chose lourde, utile et dangereuse."
Par: Armelle Debru, Professeur d’histoire de la médecine, université Paris Descartes, Espace éthique/IDF /
Publié le : 11 Mai 2020
EHPAD : Faut-il écrire le mot tout en majuscules ou en minuscules sauf la première lettre ?
La différence tient à la constitution du mot, selon qu’elle est un sigle ou un acronyme.
Le mot est un sigle si il est constitué de lettres formant les initiales de plusieurs mots. Ces lettres sont prononcées une par une et leur succession forme le nouveau mot : SNCF, CNRS, CGT, CFDT, HAS, HAD… Pour ces derniers, on ne prononce pas le mot comme une syllabe même si c’était possible.
D’autres mots sont des acronymes. Eux aussi sont constitués par les initiales de plusieurs mots. Mais l’usage a conduit à les prononcer comme un seul mot, avec une ou plusieurs syllabes : UNESCO, ONU... Dans ce cas on peut les écrire en majuscules ou en minuscule avec une initiale en majuscule, comme le Sida (HIV reste un sigle).
De même, Ehpad est un acronyme (Établissement d’Hébergement pour les Personnes Âgées Dépendantes). Contrairement aux sigles, il ne se prononce pas comme une suite de lettres mais comme un mot à deux syllabes. On peut donc l’écrire soit en majuscules, soit en minuscules, comme un mot de la langue ordinaire qu’il est devenu. On pourra à la limite lui mettre un s au pluriel. Il peut lui arriver aussi de basculer du masculin originel (Etablissement) au féminin (une Ehpad) par analogie avec le genre de « maison de retraite ». Ces minuscules et le féminin pourraient leur donner un caractère un peu plus - comment dire ? - accueillant.
Un mot facile mais trompeur
Le caractère plus ou moins prononçable du mot ainsi créé nous le rend plus ou moins familier.
D’abord il faut simplifier. On se familiarisera plus avec la CDU, Commission des Usagers, qu’avec l’effroyable CRUCQPC qu’elle a éliminée sur le papier. Les CPP ont remplacé les CCPPRB ; dans le domaine de la consommation, la DGCCRF n’a toujours pas desserré son bloc de consonnes, et sera plus connue du grand public quand elle l’aura fait.
Mais on prendra garde à cette simplification. Il faut se méfier des sens cachés sous des mots trop facilement prononçables : chaque lettre de nos Ehpad, égrenée une par une, continue à désigner chacune une chose lourde, utile et dangereuse. Un autre exemple va encore plus loin. Les décisions de limitation ou arrêt des traitements, notamment en réanimation sont souvent résumées sous le sigle LAT. Vite écrit, facile prononcer, il peut court-circuiter par sa simplicité formelle une complexité de procédure et de pensée. A l’usage, on risque de perdre l’intensité d’un terme. Comme un euphémisme est fait pour éviter la dureté d’une réalité, la facilité des mots favorise la banalisation de choses.
Dans nos Ehpad, il nous aurait fallu marteler chaque lettre comme l’initiale d’un mot à considérer avec attention et souci. La liste des sigles et acronymes est comme notre univers : en expansion. Mais à l’inverse de la beauté des astres, la prolifération des sigles dans notre société est franchement laide. Surtout, elle risque de nous cacher par facilité ou banalisation le terreau qu’elle ne devrait pas étouffer : la vie.