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Droits des malades : paroles du soin
Dans ce contexte aux multiples contraintes, comment préserver la relation d’humanité entre le soignant et le patient ?
Par: Michèle Thonier, Cadre de santé, unité d’oncologie hématologie, CHI Poissy – St Germain en Laye /
Publié le : 30 Septembre 2013
La parole du patient est ce qui relie le soignant à l’humanité du soin et à sa réalité. Par la prise de conscience et l’affirmation de cette réalité, la parole impose la réalité du « je » et du « tu ». Elle inscrit d’emblée le soignant dans la relation à l’autre et dans l’exigence de sa responsabilité vis à vis de l’être vulnérable. La parole nous donne le choix d’être ou de ne pas être présent à l’autre, et le malade de souhaiter ou non que l’on soit présent à lui-même.
Cette parole s’inscrit dans le monde mouvant de la santé d’aujourd’hui. Les profondes mutations technologiques et scientifiques bouleversent les rapports humains, réduisant parfois le patient au poids économique qu’il représente pour la société. La modélisation et la standardisation des données, les procédures et protocoles qui ont pour finalité la sécurisation de l’univers du patient risquent pourtant de mettre en péril le rapport à l’autre vulnérable.
Préserver la relation d’humanité
La part de la traçabilité, devenue prépondérante, se fait au détriment de la relation individuelle. L’écrit a remplacé l’oralité, il l’a même anticipé. Tout est écrit avant d’être dit. Dans ce contexte contraint économiquement, humainement, juridiquement et de plus en plus formalisé du soin, comment préserver la relation d’humanité entre le soignant et le patient ?
Comment par la parole le soignant peut-il protéger ce lien fragile entre deux individualités que la standardisation, la formalisation même du discours et du « dire » peuvent éloigner de manière justifiée ?
Les filtres dans la relation soignante sont de plus en plus prégnants : imageries, réunions de concertations… sont autant de mises à distance de l’ « Être » du patient. Il importe de réincarner le lien avec le patient, afin que sa parole puisse se libérer, et permettre de limiter l’asymétrie qui existe, de fait, entre lui et le soignant, entre lui et une médecine tellement technicisée, modélisée, qu’elle risque de perdre le sens et l’objet même de sa finalité, à savoir, le soin au malade lui même.