Les corps morts ont, curieusement, une vie très riche. Ils sont d’abord déclarés morts par les vivants. Puis, tout au long de leur trajectoire, ils peuvent être inspectés, ouverts, déplacés, prélevés, étudiés, manipulés, découpés, modifiés, déshabillés, rhabillés, maquillés, coiffés. Ils sont parfois montrés ou cachés, peuvent être inhumés, brûlés, ou même "aquamés", retournés, "réduits”.
Au fil de leurs trajectoires variées entre les mains des vivants, ils génèrent des tensions éthiques : Comment déterminer le moment de la mort ? Comment les utiliser éventuellement dans leur entièreté ou en partie ? Comment constituer un traitement funéraire juste ?
De telles tensions mettent en évidence des conflits de normes et de valeurs historiquement et culturellement situées, énoncées par la loi, par des préceptes moraux, par des doctrines religieuses, par des professions ou des institutions en charge du traitement des corps, et par les personnes concernées elles-mêmes, de leur vivant, à propos de leurs propres cadavres.
Ces tensions sont au coeur des discussions lors des sept séances du séminaire - proposé par Robin Michalon, chargé de mission débat public à l'Espace éthique Île-de-France - afin d’apporter une réflexion approfondie sur les questions éthiques et légales liées au traitement des corps après la mort, à travers l'Histoire.