La transmission de l’éthique dépasse son apprentissage académique et questionne sa diffusion et sa pratique dans de nouveaux milieux : en entreprise – dans l’hôpital, dans les start-ups d’outils numériques en santé, etc.–, les initiatives de débats publics sur les questions de bioéthique, l’introduction de débats éthiques dans les milieux scolaires à travers l’Éducation Morale et Civique (EMC), la création de comités d’éthique de la recherche, ou encore l’obligation de former les doctorants à l’éthique et à l’intégrité scientifique.
Pourtant, alors même qu’elle tendrait à s’en échapper, cette réflexion sur la transmission des pratiques de réflexion éthique puise ses racines dans les traditions philosophiques et universitaires. Chaque conception de l’éthique met au centre de ses enjeux une réflexion sur la transmission : transmission des valeurs et des principes, des bons comportements, de l’attention aux autres, ou encore d’une méthode de délibération démocratique. Ces enjeux nous interrogent aussi sur la nature de l’éducation dans le champ de l’éthique et la nature des savoirs à acquérir et à élaborer en éthique. En cela, c’est un art du questionnement qu’il s’agirait d’appréhender, mais aussi un art du dialogue et une élaboration collective des savoirs, savoir-faire et savoir-être.
Nous pouvons donc nous interroger sur ce que nous transmettons quand nous transmettons une pratique de l’éthique – des savoirs, des habitudes, une culture commune à un groupe, des procédures de réflexion ? –, ce que nous faisons – une forme de médiation, d’éducation, d’instruction, une production collective de savoirs ? –, et sur la finalité de cette activité – transmettre des principes, accompagner le changement, développer la citoyenneté, etc.