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Par: Hugues Lepoivre, Association des Parents et Amis du centre Mont Riant /
Publié le : 27 Avril 2020
Mais cette résilience fondée sur la seule solidarité locale est hyper fragile, et la crise actuelle décuple, aujourd'hui encore, les difficultés liées à la stigmatisation et/ou à l'isolement. Le secteur handicap, ce n'est pas un choix, est contraint de fonctionner beaucoup trop en vase clos. Il est, sauf exception, maintenant tout à fait partant pour le pari de l'inclusion, et la résistance est plus dans le manque de réponses adaptées de la part du milieu ordinaire et des acteurs du droit commun, qui s'estiment en difficulté. Pour réduire ces résistances ou difficultés, les Mairies, éventuellement épaulées par les métropoles, seraient les mieux placés pour jouer un rôle décisif. Aujourd'hui bien des familles sont en grande difficulté, du fait de leur isolement (il y a forcément des situations non repérées) ou des difficultés du secteur à leur apporter des réponses satisfaisantes, même pour les situations suivies.
Ces 3 constats posés, outre l'urgence de propositions pour mieux gérer la crise, (en particulier repérer une par une les personnes seules ou familles en difficulté et les orienter vers un acteur adapté, qu'il conviendrait de soutenir) il me semble opportun de revenir sur le rôle en matière de handicap de la collectivité fondamentale qu'est la commune. Je me permets de suggérer deux 2 pistes à ce sujet.
La notion de société inclusive est révolutionnaire, et c'est cette révolution qu'il faut amorcer.
D’une part, changer l'accroche et la structure des projets communaux. Il ne s'agit pas, pour la commune, d'"accompagner les personnes", mais de changer radicalement l'environnement pour ces personnes, et d'inciter tous les membres de la cité, depuis leur place, à lutter contre l'isolement et la stigmatisation. Tout citoyen, avec ou sans particularité a droit aux biens communs, en terme de mobilité, de loisirs, de logement, de soin, de travail... La France est très en retard et certaines métropoles le sont particulièrement. La notion de société inclusive est révolutionnaire, et c'est cette révolution qu'il faut amorcer.
D’autre part, pour garantir à la fois une prise en compte concrète des besoins et une élaboration réaliste de solutions il faut créer à l'échelle de la commune, et peut-être des quartiers et de la métropole, une sorte de "conseil local du handicap", qui permettrait de réunir des représentants des pouvoirs publics, des personnes, de leurs aidants (familiaux et professionnels) et des acteurs du territoire (entreprises, gestionnaires de centres de loisirs, etc). Ce niveau d'élaboration est à la fois indispensable et impossible à faire vivre sans volonté politique très affirmée, d'où l'importance que ce conseil soit présidé par le Maire.
Le choc de la crise, le fait que nous soyons tous en même temps en situation de handicap, rend audible ce "nouveau" regard.