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"La démarche que nous proposons vise à susciter - ou du moins à aviver — une dynamique de la réflexion partagée. Elle est devenue indispensable à l’heure où la médicalisation ou « l’institutionnalisation », souvent par défaut, de questions de société, tout autant qu’une approche essentiellement gestionnaire des choix, pourraient inciter à se désapproprier de la culture du soin comme de celle de l’accompagnement, et ce faisant à déserter le champ des valeurs et à renoncer aux responsabilités dont il nous faut être les garants."
Par: Espace éthique/IDF /
Publié le : 20 Février 2017
L’engagement et la responsabilité assumés dans les multiples domaines de compétences que recouvrent les pratiques du soin et de l’accompagnement, à l’hôpital ou dans les établissements médico-sociaux, témoignent d’une attention portée aux droits de la personne. Cette sollicitude s’avère d’autant plus exigeante en situation de vulnérabilité.
Au service de la personne, les professionnels, les membres d’associations, les bénévoles et les proches intervenant dans les champs du sanitaire et du médico-social incarnent des valeurs d’hospitalité, de sollicitude, de solidarité, de justice et d’inclusion. Leur souci du bien commun renforce le lien social, ce qui permet de faire société.
Au-delà de ces quelques affirmations liminaires justifiant approfondissements et pondérations, ne convient-il pas toutefois d’interroger les valeurs constitutives du soin et de l’accompagnement en ce qu’elles représentent aujourd’hui dans la vie démocratique ? En proposant cette Charte Valeurs du soin et de l’accompagnement en institution, l’Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France contribue à une concertation nationale nécessaire visant, au plus près du terrain, au renforcement d’une réflexion éthique impliquée.
Au moment où le débat public en France porte sur la refondation des valeurs du vivre-ensemble, la signification de l’engagement dans le soin et l’accompagnement de la personne que défendent et assument au quotidien les professionnels, les militants associatifs, mais tout autant les personnes malades et leurs proches, se doit d’être pensée, analysée, discutée et mieux reconnue.
La démarche que nous proposons vise à susciter - ou du moins à aviver — une dynamique de la réflexion partagée.
Elle est devenue indispensable à l’heure où la médicalisation ou « l’institutionnalisation », souvent par défaut, de questions de société, tout autant qu’une approche essentiellement gestionnaire des choix, pourraient inciter à se désapproprier de la culture du soin comme de celle de l’accompagnement, et ce faisant à déserter le champ des valeurs et à renoncer aux responsabilités dont il nous faut être les garants.
Que signifie soigner l’autre et l’accompagner, lui consacrer une attention dans un contexte où l’individualisme, la solitude, la culture de l’instant présent semblent altérer les principes qui rassemblent et unissent autour de valeurs partagées, voire d’une certaine idée de la fraternité ?
Il convient de rappeler que l’expression d’une considération « humanitaire » accordée à l’autre en situation de péril ou de précarité extrême est intervenue dans le champ des pratiques soignantes. Elle est même parvenue à imposer aux responsables politiques une conception inédite du « devoir d’ingérence » en référence à des valeurs d’universalité.