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Rapport de la Commission de réflexion sur la fin de vie, dit "Rapport Sicard", sur demande du Président de la République le 17 juillet 2012
Par: Commission de réflexion sur la fin de vie /
Publié le : 24 Mars 2014
Ce rapport est accessible en intégralité via le lien situé à droite de cette page
L’évolution des sciences et des connaissances notamment depuis 30 ans a permis l’émergence progressive d’une médecine de plus en plus technicienne, efficace, capable de guérir de nombreuses maladies, mais aussi de permettre de vivre avec sa maladie, de vivre avec son handicap. De plus en plus souvent, aussi, la médecine crée des situations de détresse ou prolonge, en fin de vie, la survie dans des conditions qui peuvent être considérées comme relevant d’un acharnement thérapeutique ou de l’obstination déraisonnable. Parallèlement, s’est développée une revendication citoyenne : être reconnu, en tant que personne malade, comme sujet de droit à part entière.
Le droit de la personne à exercer un choix libre et informé est devenu, il y a plus de soixante cinq ans, au niveau international, un des fondements de l’éthique biomédicale, d’abord dans le contexte de la participation à une recherche, puis, plus récemment, dans la relation de la personne avec la médecine. Ce droit au choix libre et informé a été inscrit dans la loi il y a plus de dix ans.
Ainsi, aux savoirs et aux pouvoirs de plus en plus étendus de la médecine a répondu le droit de la personne malade à l’informa tion, à la délibération, et à l’expression de sa volonté.
L’hypertechnicisation de la médecine peut absorber la personne malade jusqu’à, dans certains cas, annihiler sa singularité. Si la médecine n’a comme finalité qu’une efficacité technique, le danger deviendrait alors celui d’une instrumentalisation de la personne malade. Le paradoxe ou la contradiction réside dans le fait que la personne malade a besoin de cette technique, qui permet de préserver la santé et augmente l’espérance de vie de manière spectaculaire. Mais dans de très nombreuses circonstances, la médecine ne peut que retarder de quelques jours, semaines ou mois, une fin inéluctable, posant à la personne la question de la qualité et du sens de ce temps vécu dans des conditions qui peuvent être considérées comme insupportables. Cette contradiction est actuellement mal assumée, par la médecine, la loi, et la société.
Apparemment, tout devrait être simple : la médecine secourt, connaît ses limites, et la personne depuis les lois de 1999, 2002 et 2005, est apparemment en situation de liberté d’exprimer sa volonté. En effet, la loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs pose deux principes nouveaux :
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé renforce le droit du malade à ne pas subir un traitement contre son gré, puisque le patient peut désormais s’opposer à un traitement même lorsque ce refus peut abréger sa vie. Toutefois, le médecin doit d’abord «tout mettre en œuvre pour convaincre [la personne] d’accepter les soins indispensables », avant de s’incliner si le patient persiste dans son refus. Cette loi consolide également le droit aux soins palliatifs, en précisant que « la douleur doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée ».
La loi du 22 avril 2005, relative aux droits des m alades et à la fin de vie, dite « loi Léonetti » a complété la loi du 4 mars 2002, dite « loi Kouchner » en offrant légalement au malade la possibilité de demander au médecin de suspendre ou de ne pas entreprendre des traitements jugés comme une obstination déraisonnable (appelée auparavant par la loi « acharnement thérapeutique » et que nos concitoyens continuent de nommer ainsi). Il s’agit avec cette loi de pouvoir donner la primauté à la qualité de vie sur la durée de la vie.