En partenariat avec le Master Humanités biomédicales de Sorbonne Université et l’Association des anciens du Master Conseil éditorial.
La science est sortie avec fracas des laboratoires de recherche pour devenir un objet de communication, de débats politiques, de controverses sociales et de vives oppositions dans les médias dans le cadre de la crise sanitaire, de la crise climatique ou encore des enjeux de santé publique – vaccination, baisse de la consommation de tabac ou d’alcool...
Ce phénomène n’est pas nouveau. En juin 2018, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pointait l’importance d’« élargir la réflexion au-delà des seuls experts » pour « éviter d’enfermer le débat dans sa dimension scientifique et l’ouvrir aux interrogations relatives à l’impact possible de ces nouvelles possibilités offertes par la médecine » (1). Des avis de grandes institutions scientifiques comme le comité d’éthique du CNRS (2) montrent aussi l’importance du discours scientifique dans l’opinion publique et sa difficulté à s’exprimer de manière audible, argumentée et nuancée. C’est que des dérives sont parfois à l'œuvre dans ce dialogue science-société. Nous l’avions observé, par exemple, dans l’industrie du tabac avec une forme de « production culturelle de l’ignorance » mise à jour par l’historien des sciences Robert N. Proctor (3) en vue de brouiller le débat ou de répandre des fausses informations.
Aussi, pour enrichir le débat public, il est important de définir ou de redéfinir le rôle des institutions scientifiques, des universités, des scientifiques, des vulgarisateurs ou des médiateurs dans leurs activités de communication autour des productions scientifiques. Quelles sont les responsabilités des communicants, des journalistes, des vulgarisateurs et des scientifiques dans le dialogue science-société ? Quelle est la place des sciences dans le débat public ? Comment éclairer ces débats avec des données scientifiques en faisant toute la place à une « science se faisant » et aux controverses qui sont inhérentes aux avancées de la recherche ? Comment différencier la parole scientifique, la parole citoyenne et la parole politique ? Comment créer un espace de débat sur les sciences elles-mêmes, leurs objets, leurs méthodes de production des connaissances ?
Cette 4ème journée d’étude « Communication, éthique et société » est co-organisée par le Master Conseil éditorial de Sorbonne Université et l'Espace éthique Île-de-France, en partenariat avec le Master Humanités biomédicales de Sorbonne Université et l’Association des anciens du Master Conseil éditorial. Elle est présentée par les étudiants du Master Conseil éditorial.
(1) CCNE, Etats généraux de la bioéthique 2018, rapport de synthèse, juin 2018. URL : https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/184000352.pdf
(2) COMETS, Avis « Communication scientifique en situation de crise sanitaire : profusion, richesse et dérives » (n°2021-42), approuvé le 25 juin 2021. URL : https://comite-ethique.cnrs.fr/avis-du-comets-communication-scientifique-en-situation-de-crise-sanitaire-profusion-richesse-et-derives/
(3) Robert N. Proctor, Golden Holocaust - La conspiration des industriels du tabac, Des Equateurs, 2014