Notre Newsletter

Rencontres et colloques

Covid-19 - Des visites interdites à l’adieu interdit #3

L’Observatoire national des pratiques « pandémie, dignité, respect et droits des personnes présente avec l’Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France, les collectifs « Tenir ta main», « Vital » et EHPAD familles 42, une conférence à distance le 28 juin 2021.

Par: Espace éthique/IDF /

Publié le : 14 juin 2021

La soirée

Lundi 28 juin, de 18h à 21h

Par ordre :
Françoise Chastang
Psychiatre, CHU de Caen

La pandémie Covid-19 a eu le curieux effet d’exacerber et/ou de dévoiler dans notre pays les grands dysfonctionnements institutionnels de notre pays, et plus particulièrement dans le monde de la santé. On en parle peu, mais le monde de la psychiatrie en fut particulièrement impacté. En effet, les patients hospitalisés en psychiatrie le sont pour certains d’entre eux sous le mode des hospitalisations sans consentement, ce qui constitue une authentique privation de liberté. Pour ces patients, ainsi que pour ceux ayant accepté librement les soins, les visites des proches ont été drastiquement réduites tant en nombre qu’en durée, soumises à l’accord médical préalable, alors même que leurs souffrances psychiques leur font encore plus sentir leur vide affectif et leur désœuvrement tout en altérant leurs relations à l’autre. C’est toute une violence non dite mais assumée au nom d’un impératif sanitaire, amplifiée par le port du masque et les consultations en distanciel, qui s’est abattue dans un domaine où la dimension relationnelle est l’axe principal des soins et de la pris en charge. Et ce n’est sans doute pas un hasard si, en cette période de retour vers une vie plus « normale », le problème de l’utilisation des contentions et de l’isolement, qui ne constituent qu’un aspect très particulier de la psychiatrie, est actuellement mis en avant dans le domaine de la santé mentale. C’est peut-être un signal fort donné par la pandémie sur les enjeux relationnels de notre futur.

Brigitte Legendre-Tridard
Membre de l’association CœurVide19 et de l’association des Victimes de la CoViD19
 
Témoin de la maltraitance infligée à mon père dans un hôpital de gériatrie et durant le premier confinement, je souhaite que la fin de vie devienne une cause nationale, responsable et éthique. La mauvaise gestion de la crise sanitaire et les abus liés au confinement ont démontré qu’il est aujourd’hui urgent de se pencher sur la logistique dans les établissements. Car, malheureusement, il faut nous attendre à de nouvelles difficultés dans les mois qui viennent et il est grand temps de s’organiser afin d'éviter les dérives constatées ces derniers mois.

Christine Lévêque
Cécile Delavaud
Stéphanie Bataille
 
Présentation
Emmanuel Hirsch
Directeur de l’Espace dé réflexion éthique de la région Île-de-France, professeur d’éthique médicale, université Paris-Saclay, fondateur du site ethique-pandémie.org

Inscriptions

L’Observatoire national des pratiques « pandémie, dignité, respect et droits des personnes

Nos missions
  • Identification des enjeux humains et sociétaux dans l’accueil, le suivi et l’accompagnement des personnes malades et de leurs proches dans le contexte de la pandémie, justifiant une attention, des choix, des pratiques et des moyens ;
  • Soutien et le conseil des personnes affectées et de leurs proches par les conséquences de la pandémie au domicile, à l’hôpital ou en établissement médico-social;
  • Proposition de lignes d’action adaptées à la diversité des circonstances nécessitant des évolutions urgentes, et le soutien à la mise en œuvre
  • Alerte publique concernant les situations attentatoires à la dignité, aux valeurs et aux droits des personnes, notamment celles plus exposées car vulnérables ;
  • Reconnaissance des attentes et des besoins des personnes endeuillées ;
  • Contribution à la mise en place de protocoles respectueux des défunts et de leurs proches, du décès jusqu’aux obsèques ;
  • Hommage national témoigné aux victimes. Ne pas exclure dans cet hommage les personnes éprouvées par un autre deuil que consécutif au Covid-19 ;
  • Reconnaissance par l’Assurance maladie du droit des personnes (proches endeuillés, soutiens et aides).
Depuis le début de la pandémie les instances publiques ont décidé, dans l’urgence, de règles et de procédures qui se sont avérées en bien des circonstances attentatoires aux valeurs de dignité et de respect que prône notre démocratie. Les personnes plus vulnérables que d’autres ont été les premières victimes de mesures qui ont persisté sans qu’on puisse apporter les correctifs qui s’imposaient, faute de concertation.
Dès le premier confinement, les familles se sont insurgées, en vain, contre des dispositifs imposés sous forme d’interdits dans les contextes les plus sensibles de la relation avec la personne malade, de son accompagnement en fin de vie et jusqu’aux conditions de sa mort et des ses obsèques. Les contestations de pratiques indignes n’ont en rien incité les responsables, à tous les niveaux du processus décisionnel, à infléchir des protocoles inacceptables et injustes, souvent même injustifiés.
En dépit d’une tendance politique au « retour à la normale », certaines pratiques discrétionnaires scandaleuses se poursuivent dans certains établissements. Le gouvernement n’a pas souhaité prendre le temps de rendre un hommage solennel aux « victimes du Covid-19 » ainsi qu’aux autres, collatérales, dont on ne dit rien. Il ne témoigne aucune attention vraie aux familles endeuillées qui expriment des attentes fondées. Il n’ a pas même envisagé d’organiser un retour d’expériences avec les personnes concernées, y associant des professionnels eux-mêmes conscients d’un nécessaire travail de réparation.
A la violence de l’indifférence ou du silence institutionnels, s’ajoute pour certains l’incapacité d’envisager l’après sans avoir pu marquer un temps de reconnaissance consacré à ce qui s’est vécu au cours de ces temps de bouleversements profonds. Il nous faut témoigner, comprendre et surmonter, en société, ce qui a éprouvé nos sociétés. La crise n’est pas terminée et peut-être devrons nous être mieux préparés à d’autres défis de cette nature.
C’est dans cet esprit que nous débutons ce cycle d’échanges. Il permettra tout d’abord d’identifier les enjeux, de témoigner, d’échanger, d’analyser comme nous avons commencé à le faire dans le cadre de nos observatoires[1][2]. Nous pourrons aussi en tirer des lignes d’action, utiles pour rendre possibles les évolutions nécessaires.
Il ne s’agit pas pour nous d’ajouter de la polémique là où nous constatons qu’elle se développe faute de réponses à hauteur des enjeux. Notre propos est de mettre des mots sur ce qui s’est passé et de partager les expertises ainsi que les expériences afin de tirer les enseignements essentiels à tirer de ce que tant d’entre nous ont vécu comme une débâcle.
Nous proposons aux personnes qui souhaitent enrichir nos réflexions, de nous adresser par écrit leurs témoignages et leurs analyses :
emmanuel.hirsch@aphp.fr

Fichiers